Sonnets
Nefta, Tunisia October - December 1923 e.v.
NEFTA
An XIX 0 in 20º 0 in 9º
Hôtel Djérid
"Once my spear hath threaded the Djerid It grips it as the Dragon grips the Moon."
(Sitôt que mon épien a percé le Djérid Il le serre comme le Dragon noir, avide, Avale, dans l'Eclipse infernale, Artémide.)
Sonnets
et autres vers
lyriques, mystiques,
Magiques.
Rhapsodiques et Realistés
faites
pour le grande gloire de Son Père le Soleil de sa Mère le Desert, de sa Souer l'oasis, de son frere le Badouin et de sa Mâitresse la Liberté
par
Aleister Crowley dit Alastor le Démon du Solitude.
I. L'Oasis de Nefta, vue de trés-loin.
Comme un tigre qui rôde en quête de sa proie Comme un épervier dur qui guette la colombe Comme un vampire noir qui cherche sous la tombe le cadavre saignant glouton de coeur et foie.
Ou comme le grand Saint qui ne connait le joie Hors Dieu, d'un oeul amer la Nature qui plombe. S'enrage, le pôete se tord, dit: Je tombe, Icare, du Soleil au mer, que je m'y noye.
Assez, du silence sublime du Désert, Des contemplations profondes de l'enfer, De Dieu, et de la Mort. Je songe au Paradis.
Y jour de l'Amour, ybrespirer la paix— Voila dans le lointain cette ombre tant révée— Ce sont les palmiers verts, phares de l'Oasis.
II. Vers l'Oasis.
Partout s'étend sans trêve un horizonblafard Entre l'azur a l'oeil mandit et monotone Et l'ocre cru du sable, où rampe Choronzon Ce démon du Néant: partout, le jour cafard.
Cache son jeu meutrier sous la beauté; ou tard Ou tôt la Mort s'évit le voyager atone Qui voulut voir quel Dieu pût remplir un tel trône. Partout, l'abime sourd; partout, l'effreyant dard.
C'est donc l'ombre vague d'un brouillard, d'un nuage? Ou même le fântôme infernal du mirage? La ligne s'afferme, s'assombrit; se revele.
Comme une scie très—longue; où enfin se dessiment Des plumes fantastiques et des courbes divines— C'est enfin l'oasis. Hé, les jambes, un peu de zêle
III. Au Bord des Palmiers.
Enfin La Mort qui vit, symbole du Désert Cede à la Vie qui meurt, symbole du Jardin Le vent qui brûle change au Zéphir tant bénin Dont la caresse rend au corps son pas de fer
Le jaune est oublié: tout s'epand dans le vert Le silence est troublé par les sons loins, divine Des feuilles frissonent; des eaux fonts leur tintin En chuchptant: "La joie, c'est le dernier mystèe."
Le soleil guerrierbrit, se donne à la musique Des ombres; ses rayons signalent un mot mystique L'éternité, cassée, devient l'amie du coeur;
Vibre du pouls humain. On tombe sur le dos Au pied d'un grand palmier:—que c'est doux le repos Dame Nature fait accueil au voyageur.
IV. L'entrée aux Allées.
On se perd au moment qu'on entre à l'Oasis: Les routes vont partout, et ne mement mulle part C'est d'un Mage sournois l'Arcane de son Art De mêter tant de Peur aux ombres tantatrices
C'est le dessin chaste de la volle d'Isis Les pailmiers, les jasmins, les eaux, les nénuphars:— Tout est témoin de ta sagesse, o sombre Istar, Deesse de l'Amour—à la Mort la complice
La paix, comme un serpent, se serre autour de l'âme: Tout est Savoir, tout est Beauté, tout est Dictame Le pôete se sacre d'Hermes le prêtre
Il trouve l'hièroglyphe et le sigille onscur Des lois occultes et sublimes de la Nature Dans toutes ses images où Elle à caché l'etre.
V. L' Oued.
Ecoute, au fond, là-bas sans trêve, la chanson Des eaux—peut Philomène, ou la plus douce grive Du printemps enchanter l'âme d'un cri si vive Pourtant si tranquille; le venin du Démon
Vaincu, l'ésprit, baigné dans ce pur élement Devient le nouveau-né: la vie contemplative De l'amour, de la paix, des ecstases passives S'offre à l'âme lavee, des Dieux le riche don.
J'ai emprunté de l'Oued ses eaux limpides et claires Pour affranchir mon corps vilain de la poussière Et de la sueur grasse—Ecoute—moi ton prêtre
Isis, rend mon coeur blanc, rend mon ésprit sans tâche Mon tout digne de toi, déesse, que je sache Les secrets si sublimes et chastes de ton Etre.
VI. Le Jardin.
Celui dont l'âme est pure, et le corps las remis Des travaux de la vie, gagne le droit d'entrée Aux jardins fleurissants de la sagesse innée, Ou dèja sur la Terre il peut du Paradis
Gouter le miel celests, et de son vin exquis S'abreuver tout le soif—oh la trèe-dure corvée Du voyage fubeste oh gorge dessechée Le Jardin J'ai coulu——Je jouis
Qu'il est beau, qu'il est doux, ce jeune Arabe imberbe Qui marche en sour iant vers moi qui gît sur l'herbe Si frais, si vert. See mains calines m'ont pourvu
Des dattes, les grandes, des oranges, Cesse, La pensée—son aspect de chastité caresse Mon ésprit calme et sain, qui renait ingénu.
VII. Les Ruelles.
Ocre de rû, barré de grandes oblongs de noir— On croirait le sigille âtre et tors d'un grand Magg Qui de sa pensée fit d'un mystère l'image —Cite où s'etalait sa gloire et son pourvoir.
Car ces ruelles étroites à l'abri du savoir Mènent on ne sait pas où; on a beau être sage On y oppose en vain la force et le courage Leur labyrinthe rit de l'âpre des espoir
ET pourtant c'est la ville, où la vie des humains Suit son coeur regulier; les hommes fermes et sains Vont du Néant du ventre au Néant du tombeau
—C'est la simplicité du Vrai qui dit au coeur Le mot du grand Enigme aus nus qui fait la Peur, Aux autres le Courage—à tous: "Tout vaut Zéro"
VIII. Les Maisons.
Les maisons de Nefta sont aveugles et discrêtes; On n'y voit ni entent point des chocs de la vie Le silence plane sur elles; leur suffit— A leur orgeuil, à leur tristesse, à leur défaite.
La plus sale bouge guarde ses joies secrets Ses crimes, ses douleurs, pas moins que feu Louis Le Mystère de l'homme au masque: ces taudis Se savant les abris du divins Paraclête
La maison ou un homme est né, se dresse fier Puis d'un menisier ou d'un chamelier Ell peut enfanter, Mohammed ou Jesus.
Les Dieu se moquent des calculs banals des ânes Et font nâitre John Keats en pauvre lieu profane Et un monstre idiot au palais d'un Croésus.
IX. La Place du Marché.
Un grand carré ouvert aux flêches du Soleil S'arbitent dans leurs tentes les marchands tranquilles Il étalent l'appel aux besoins de la ville Un burnous blanc ou noir, un fez fentre vermmeil
Ou un pagri f'honneur, des sandales pareils Au canots—c'est pour eux dernier cri du style J'approuve leur orgueil; c'est Paris lâche et vile Qui juge l'homme au prix du toit de son orteil
J'ai endossé jadis telle robe de chamnbre De sois brodée d'or fin, bourrée de sachets d'ombre, Ton chef d'oeuvre Doucet J'ai noué tes cravats.
Charvet Tes gants, Perrin Léon, tes chapeau Nash, Tes jilets, tes fourrures—Au folies la cravache Fi, singe vaintex Narcisse, bas les pattes.
[You'll have to forgive this one—it was done after I danced with a nice Lesbian (after first dancing alone) and then kissing the waiter; O mon Dieu]
X. L'Hotel du Djérid (I)
Des vilains varriens nés, l'hotel nait les plus vils La, tout est vol et true: le compte de l'aride Fah le confort—Modernev, les repas insipides Voir leur ourirz faux, leur dos combé serville
Auvsouponn d'embarassas—méfiant, dur, hostile Des Désert seul sait guerir la lepre fétide Des "Splendid" "Majestic" "Ritz Carlton"; au Djérid Plus de marbre mesquin—la splendeur de l'ayile
L'ame hospitalière n'a besoin d'austre essor Le sourire amicale est le plus beau décor Le poete est chez soi dans n'importe quel lieu
Ou l'hote, auquel le chic du progrès fait horreur A appris le plus beau proverbe Arabe par coeur: "Qui entretient le voyageur entretient Dieu
XI. L'Hotel du Djérid (II)
L'Hotel ouvre au marché sa falaise de brigue Comme une treille dont l'art naif et riant Vaut bien les efforts lourds des vani teux savants. Son sourire promet des joies enigmatiques.
Où ses balcons, ses toits, surprenants et mystiques Churchotent: contemple d'ici l'oeil du Ponent Flambout d'orange et pourpre, et rouge, le géant Frappé au coeur par l'épic de la Nuit lyrique
La jeune lune cueille avec sa faux d'argeht La mois son du Désert; le baiser du doux vent
T'unit aux Dieux; le chant silencieux des étoiles T'initie au grand Vrai; affranchi de ses voiles, Dissons ton être Etre de l'Universe.
XII. Le Coucher du Soleil.
J'aime rever sur le balcon, voir s'allongir Les Embres des maisons, des tentes, des chameaux Qui s'agouillent afin qu'on pose leurs fardeaux. Les arbres frissonnet aux doux baisir du Zéphir
Qui du jour moribund chuchote le soupir. Le soleil agonize, agite son flambeau Maniaque, meurtrier; o Ra, dans ton bateau Tu passes en flamme vers l'Inconnu du nadir
C'est un drame de feu, de sang, et de luxure Sur au fond de verte, bleus clairs et pourpres pure Le
XIII. Le Lever de la Lune.
Du [illegible] au Vert, du violet noir L' [illegible] du [illegible] a'apaise peu a peu Les cieux se parent d'une robe en velours bleu Bordée de rouge morne, où gaspille l'espori
Reçu du jour; comme un étang le sang du Envalut l'horizon: afin son âtre feu S'eteint les assassins de Soleil mettent au jeu Son crisé sans leur chasuble triste abattoir
Au dessus des palmiers qui perdent leur very frais Se montre le fantôme d'une faux de fée Mince et lucide; qui ose dit Argentine
Ses doights Celestes; Jupiter—blanc—bleu— Et ta grosse emérande, o Venus Erycine Vierge parée: ses doights lustres brilliant des feux.
XIV. Le Café Maure.
La place est bien petite à coté du marché Sur des nattes fort propres allonges on assis Reposent doucement au sein des ombres amis Le plus pauvre ne cêde en rien au plus doré
Dans le Désert un homme est plein de majesté Puis qu'il est homme; Ni roi ni prêtre Il sait qu'a soi-même il suffit Aussi doit—on aux auttres, hommage et dignitá.
On boit le bon café fort et aromatique On cause des affaires; on songs aux lois mystiques Que la Nature enseigne aux fils des solitudes
Ou la philosophie, enfant des verités De la vrai vie [illegible] nul veut sentimentalizer [illegible] éclairée vers la Beatitude.
XXI. Le Chamelier.
Je voudrais bien savoir la pensée du sour Qui se tait si serré; ne parle qu'a mandire Son chameau moins voué au traveil. Ce soupir Profond—il s'imagine un prophête ou un roi?
Il rêve des victoires? Ibâtit un Empire? Il demande aussi grands [illegible] un palais de Séphir Dans une cité d' [illegible] fidèle a sa loi
XXVI. Le Marabout.
C'est le tombeau sacré d'un trés grand marabout De Sidi Bou Ali—La paix soit à son âme Les pélerins des pays plus de l'Islam S'y rendent à lui payer l'hommage; ou s'y devoue—
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